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Vrai ou Faux Made in France


La mention made in France est une mention législative assez vaste et qui, par conséquence, mène à confusion pour le consommateur. On retrouve souvent le débat du « vrai » made in France contre le « faux » made in France un peu plus sournois. Je vous propose ici un petit article rapide pour démêler tout cela.

En effet, un produit mis en vente peut être étiqueté « Fabriqué en France » à partir du moment où : « le produit fini a fait l’objet en France de certaines opérations de transformation à partir des matières premières et composants non Français » (cf site du ministère de l’économie, des finances et de la relance). En clair, et pour comprendre le but de mon propos, peut légalement être étiqueté « Made in France » un bijou issu de l’assemblage d’éléments provenant des quatre coins du monde (mais on ne va pas se le cacher, un coin en particulier l’emporte, la Chine). Ainsi, des « pièces détachées » comme une chaîne, un fermoir et un pendentif provenant de Chine deviennent un produit « Made in France » si une personne les assemble sur le territoire français. Magique non ?

Pour donner suite au récent scandale autour de la marque LouYetu (pour ceux qui n’ont pas suivi, rendez-vous sur le compte instagram @balancetastartup) et aux retours incrédules de nombreuses de mes clientes, je souhaitais vous faire ce petit article explicatif. Outre les dénonciations vis-à-vis de la direction qui ne sont pas le propos de mon article, il en est ressorti que la marque achèterait des produits fabriqués en Chine tout en mettant en avant le Made in France.

D’un point de vue légal, la marque est tout à fait dans ses droits. La plus grande majorité des créatrices de bijoux ne produisant des bijoux que par assemblage de breloques sont dans le même cas. Il est si courant que les créateurs achètent des apprêts de bijoux provenant de Chine, les assemblent chez elles puis les vendent en mettant en avant un savoir-faire français. Il est malheureusement plus facile de trouver des produits provenant d’Asie (qui représente plus de 80% du marché) que de trouver des produits fabriqués en Europe ou en France (même si face à la demande cela se développe peu à peu). Je vous parle en connaissance de cause, dénicher les fournisseurs est un pan important de mon travail. Je peux vous garantir une chose : trouver des fournisseurs français n’est pas une mince affaire. J’y ai consacré de très nombreuses heures !

A mes débuts, je n’avais jamais pensé à la question des provenances des matières premières. Je ne mettais pas vraiment en avant le made in France car cela me paraissait plutôt hypocrite. Nous l’aurons compris, la réflexion est morale, puisque la close légale laisse un champ d’action extrêmement large autour de la mention fabriquée en France.

Il ne faut cependant pas stigmatiser tous les produits venant de Chine. Il y a de toutes les qualités, à tous les prix. Lorsque je proposais une gamme en acier inoxydable, les produits venaient de Chine et leur qualité était irréprochable. De plus, une relation de confiance s’était tissée avec mes fournisseurs, me garantissant une qualité de produits et surtout, de bonnes conditions de travail en Asie.

La provenance n’est pas nécessairement le problème lorsque, à mon sens, elle est explicite. C’est en étant transparent que l’on acquière la confiance de sa clientèle. Les consommateurs ont le droit de savoir ce qu’ils achètent sans jugement de valeur. Le débat de consommer français, ou non, est un débat différent que je n’aborderai pas ici, et qui est propre à chacun.

Lorsque j’ai lancé mon nuage il y a cinq ans, ceux qui me suivent depuis le début le savent, j’importais des produits de Birmanie et de Thaïlande. La bijouterie était une part mineure de mes ventes. Au fil des années, le bijou a pris une place de plus en plus importante pour aujourd’hui en être au centre. Au bout d’un peu plus de deux ans, je vous ai timidement proposé mes créations que vous avez tout de suite adoptées. La découverte des matériaux et des provenances s’est faite tout au long de ces années à vos côtés. J’ai rapidement voulu proposer du « vrai » Made in France mais force est de constater que cela impliquait un changement radical sur tous les plans de ma petite entreprise. Cela a finalement pris 2 ans et demi.

Ce fut un long périple que de trouver les bons fournisseurs offrant la qualité souhaitée, de dénicher les fonderies faisant du bijou fantaisie (il n’en existe que deux en France !), de mettre en place un nouvel apprentissage de la céramique, de dégoter des pierres semi-précieuses issues du commerce équitable. Je peux aujourd’hui être fière de proposer des produits de qualités issues à 80% de fonderie française (les 20% restant proviennent d’Allemagne et d’Italie), 100% des dorures sont françaises et la porcelaine est fabriquée par mes soins à Paris (avec de la porcelaine de Limoges).
Je dois avouer qu’au départ j’ai eu peur de perdre une partie de ma clientèle. En effet, mes prix ont augmenté et l’acier inoxydable m’était énormément demandé du fait de ses composantes hypoallergéniques. Cette peur s’est vite dissipée. J’ai expliqué ma démarche le plus clairement possible tout au long de ma transformation et je n’ai eu que des retours positifs ! Acheter des apprêts français et des pierres semi-précieuses issues du commerce équitable à un coût beaucoup (mais beaucoup !) plus élevé que d’acheter des produits sortant tout droit d’usines asiatiques (cf mon article sur les pierres semi-précieuses).

Je profite de ce texte pour faire deux apartés :
1. Il n’y a pas de fonderie française (ni même Européenne à ma connaissance, mais je me trompe peut-être) faisant de la bijouterie en acier inoxydable. L’origine des composants des bijoux proposée est donc quasiment toujours asiatique.
2. Le laiton fabriqué en France, sans nickel, plomb, cadmium ou autres composants obscurs n’est que très peu allergène. Malheureusement, il existe sur le marché (de la grande distribution en particulier) des apprêts en laiton à bas coût, de mauvaise qualité, lui donnant mauvaise presse. J’ai beaucoup de retours de clientes se pensant, à juste titre, allergiques au laiton, et qui s’avèrent agréablement surprises de bien supporter mes bijoux. Si un apprêt en laiton est bien fait, dans les normes françaises en vigueurs, les risques d’allergie sont considérablement réduits. Ce n’est pas le laiton qui irrite mais ses composants mixtes de mauvaises qualités. Renseignez-vous sur leur provenance auprès des marques. Sachez que si vous ne supportez pas mes bijoux, alors oui vous êtes allergique au laiton, au vrai, et c’est toujours bon à savoir !

Revenons à nos moutons du made in France. La clef à ce problème est simple : la transparence des marques autours de leur approvisionnement. Il peut y voir de la très bonne qualité de bijoux « Made in France » aux éléments provenant de Chine et une qualité assez médiocre de bijoux répondant au vrai Made in France. Le tout est de savoir ce que vous recherchez. Sachez que comme souvent dans la mode, quand un doute plane, c’est qu’il n’y en a pas vraiment. Si la provenance des matériaux n’est pas mise en avant, c’est qu’elle n’est pas un argument de vente positive. Si, au contraire, elle est clairement affichée, vous pouvez être heureuse de consommer une marque qui se veut honnête. N’hésitez pas à demander aux créatrices directement !

Cependant, pour aller plus loin et surtout vers le mieux : il me reste encore une longue route. Le laiton utilisé par les fonderies où je me fournis n’est pas tracé. La matière première est régie par des normes de composants (sans plomb, sans nickel, sans cadmium, etc.) mais aucune traçabilité des origines et de leur extraction n’est faite. Le laiton recyclé est utilisé par certaines marques de bijoux mais implique de le fondre et de le travailler soi-même ; ainsi que de maîtriser le processus de recyclage. Cela n’est pas dans mes cordes pour le moment. J’enquête actuellement pour savoir si cela est cependant envisageable !

De même, l’or est un désastre écologique. L’orpaillage implique des extractions barbares aux conditions de travail inhumaines, la déforestation amazonienne, la pollution des sols et cours d’eau au mercure. Extraire de l’or de manière éthique existe mais en infime quantité. Malheureusement, cela n’est pas accessible (financièrement) à mon niveau. Je suis actuellement en grande réflexion sur ce sujet et je mène également mon enquête de ce côté-là. Je propose dorénavant une qualité de placage d’1 micron et non plus 3 afin de limiter l’usage de l’or (c’est toujours 2 microns de gagnés) mais cela est-il suffisant ?

Voilà, vous savez tout ! Maintenant, il ne vous reste plus qu’à vous faire votre propre avis !
À bientôt,
Céline.


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